Cameroun: L'initiative "No Badmop" contre les discours dangereux en ligne. - Internet Sans Frontières

Le Cameroun est entré dans une période électorale en septembre 2018. Ce Dimanche 7 octobre sera le jour de  l’élection présidentielle.  Le pays a également connu un accroissement exceptionnel de sa connectivité ces deux dernières années. Plus de 25% de la population aujourd’hui a accès à Internet à Internet.
Internet Sans Frontières, en partenariat avec Adisi Cameroun, Activ Spaces, l’Association des blogueurs du Cameroun ainsi que de nombreux médias locaux lancent la plateforme “No Badmop”  littéralement “Pas de mauvaise bouche” en langue pidjin,  pour contrer le phénomène des discours dangereux en ligne.

Pendant les 3 prochains mois, 12 journalistes vont analyser, documenter et vérifier la production de ces discours sur les plateformes de réseaux sociaux, dans les articles de presse en ligne et les blogs. Ils seront également aidés par la récolte de ces discours par tout internaute intéressé par le projet au Cameroun, qui reportera ces discours sur une plateforme Ushahidi dédiée. Ce projet a reçu le soutien du Nexus Fund, un fond de soutien aux communautés locales des zones à risque pour prévenir les atrocités de masses.

Le conflit civil en cours dans la zone anglophone,  la campagne pour l’élection présidentielle ainsi que l’entrée en masse de la société camerounaise dans la conversation globale ont augmenté la dangerosité des discours en ligne qui ciblent les membres d’une communauté linguistique, ethnique ou d’un parti politique.

Qualifier et analyser les discours dangereux en ligne

Comment circonscrire, analyser, documenter et limiter l’impact de ces discours en utilisant les outils et les méthodes qui permettent de conjuguer l’impératif de liberté de circulation de l’information et des connaissances avec la nécessité de protéger les populations qui ont accès aux nouveaux médias ?

Ces questions sont l’objet d’un nouveau programme d’Internet Sans Frontières au Cameroun, en partenariat avec Adisi – Cameroun, l’incubateur de sociétés de nouvelles technologies Activ Spaces et de nombreux médias locaux. Le projet d’analyse et de documentation des discours dangeureux en ligne au Cameroun permettra de mieux comprendre le phénomène des discours dangereux.

«  Les discours dangereux menacent à la fois la liberté d’expression et la sécurité des personnes. A internet sans frontières, nous pensons que  documenter, circonscrire et définir les discours dangereux en ligne sont un moyen de sauvegarder la liberté d’expression dans des zones à risque où l’accès à Internet se généralise, car ils sont souvent pris comme prétexte comme motifs de censure. Il est donc important de les définir et les circonscrire  » a déclaré Archippe Yepmou, président d’Internet Sans Frontières.

Qu’est ce qu’un discours dangereux ?

Il faut d’abord définir le moment où le discours de haine devient un «discours dangereux»: un discours qui a «une chance raisonnable de catalyser ou d’amplifier la violence d’un groupe contre un autre». La politologue Susan Benesch a proposé cinq variables qualitatives principales pour qualifier un discours dangereux, offrant ainsi un modèle utile pour analyser les études de cas de discours de haine.
Ces dernières comprennent le degré d’influence de l’orateur,  les craintes de l’audience, le fait que l’acte de parole soit compris ou non comme un appel à la violence, le contexte social et historique, et les canaux de dissémination du discours.

Documenter les discours dangereux sur une plateforme Ushahidi

Les discours dangereux seront reportés sur une plateforme Ushahidi dédiée. Elle comprendra plusieurs catégories de discours en fonction des cibles de ces derniers: discours dangereux à caractère ethnique, qui vise les membres de la communauté francophone ou anglophone, discours dangereux se fondant sur l’appartenance politique.

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