En Russie, Telegram sera bloqué pour avoir voulu protéger la vie privée de ses utilisateurs
Paris, 13 avril 2018: Internet Sans Frontières condamne fermement l’ordre donné par un tribunal russe de bloquer l’application de messagerie Telegram dans le pays.
Après des mois de batailles entre Telegram et Roskomnadzor, l’organe russe de régulation des télécommunications, un tribunal a ordonné le blocage de l’application de messagerie dans le pays. Cette interdiction vise à forcer Telegram à fournir les clés de chiffrement de ses utilisateurs au Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie. Cette demande du gouvernement a été présenté dans le cadre de la mise en œuvre par la Russie de lois antiterroristes strictes en 2016. Elles exigent que les services de messagerie fournissent aux autorités la possibilité de déchiffrer des messages
« Il est injuste que Telegram soit maintenant puni pour avoir respecté le droit à la vie privée de ses utilisateurs. Au moment où les acteurs privés sont de plus en plus poussées par les gouvernements à violer ces droits, nous devons soutenir Telegram dans cette adversité » a déclaré Julie Owono, le directeur exécutif d’Internet Sans Frontières.
“L’initiative d’interdire Telegram par les autorités s’inscrit parfaitement dans la logique d’autres initiatives liberticides en Russie dans le domaine de contrôle des médias. Les chaines de Telegram étant devenu une plate-forme majeure de l’expression libre en Russie, phénomène important du débat public, les autorités se voient obligées semble-t-il de réagir de cette façon. L’argument de lutte contre le terrorisme est à prendre avec précaution”, a déclaré Anastasia Kirilenko, journaliste russe et responsable de la Russie à Internet Sans Frontières
Internet Sans Frontières rappelle que le droit à la vie privée sur Internet doit être protégé par les tribunaux, contre toute atteinte disproportionnée, notamment celle émanant des pouvoirs publics. Internet Sans Frontières salue la décision des équipes de Telegram de résister à une injonction attentatoire aux droits et libertés sur Internet.