Le 27 juin 2016, Internet Sans Frontières était invitée sur le plateau de l’émission 7 milliards de voisins de la Radio France Internationale, pour débattre du coût d’Internet en Afrique, et du poids sur le pouvoir d’achat de nombreux citoyens africains.
Emmanuelle Bastide et @JulieOwono, responsable Afrique de l’ONG @internetlibre sur @RFI pic.twitter.com/EJj4R91yz7
— 7milliards voisins (@7milliardsRFI) June 27, 2016
Le coût d’Internet sur le continent est une préoccupation majeure à Internet Sans Frontières. l’association est membre depuis 2013 de l’Alliance For Affordable Internet, une coalition d’organisations de la société civile, de gouvernements et d’entreprises du secteur privé qui travaillent ensemble pour faire baisser les coûts d’accès à Internet dans les pays du Sud.
La baisse des coût d’Internet est aujourd’hui d’abord un enjeu économique : Une étude récente de la Banque Mondiale, qui s’appuie sur plusieurs méthodes économétrique, montre que 10% d’augmentation du taux de pénétration à la bande passante internationale correspond à une augmentation de 1,5 à 3% du PIB d’un pays.
En 2004, 900 millions de personnes étaient connectées à Internet dans le monde. Elles sont trois milliards aujourd’hui. La plupart de ces Internautes vivent dans des pays développés.
L’information sera la richesse principale des nations, celle-ci circule dans les réseaux. Encore faut il qu’il y ait une démocratisation de l’accès à ces réseaux.
Elle ne va pas de soit, de nombreux facteurs ont contribué au succès des taux de pénétration dans les pays du Nord.
Très tôt l’Union Européenne a adopté des règles permettant une libre concurrence, non faussée. Ces règles figurent aujourd’hui dans le Traité de Lisbonne : par exemple l’article 101 interdit toute entente, la Commission Européenne est chargée de veiller à ce que ces règles soient respectées.
Plus particulièrement en France, le conseil de la concurrence n’a pas hésité dès 2005 à condamner lourdement les trois plus importantes sociétés de télécommunication pour entente illégale.
Le rôle des agences fédérales de régulation aux Etats Unis peut également être cité. Par exemple, la Commission fédérale des télécommunications, dont le rôle est de veiller à ce que les lois qui permettent une concurrence saine entre les opérateurs soient effectives, vient d’affirmer que le haut débit est un bien public qu’elle a la charge de réguler (lien en anglais).
Les pays en développement, notamment ceux d’Afrique, gagneraient à permettre à leurs autorités de régulation d’avoir les moyens, financiers, politiques, juridiques, de véritablement réguler le marché des Télécommunications. Car ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’accès à Internet des trois prochains milliards de citoyens dans le monde, qui sont pour la plupart situés dans les pays du Sud.
Est-ce que les dix prochaines années seront celles qui verront les trois prochains milliards connectés, et donc, si l’on en croit l’étude de la Banque Mondiale citée en introduction, s’enrichir ? Est-ce cela l’utopie d’Internet ?
A Internet Sans Frontières nous le croyons et défendons cette vision.
Les raisons d’un Internet cher en Afrique, et des solutions
En vidéo, quelques réponses sur les raisons d’un Internet cher en Afrique :
#CestQuoi la raison de l’envolée des prix de l’Internet en #Afrique, @JulieOwono ? En direct @7milliardsRFI #NTIC pic.twitter.com/1FDAKkht5E
— RFI (@RFI) 27 juin 2016
L’une des raisons principales réside dans le défaut de régulation, ou la régulation timide du secteur des télécommunications dans de nombreux pays africains, plus particulièrement en ce qui concerne les règles de concurrence relatives aux ententes illégales.
En comparant les offres Internet Mobile dans différents pays africains, on observe que :
La multiplication des Points d’Echange Internet (Internet Exchange Point ou IXP), et surtout leur utilisation par les fournisseurs d’Accès à Internet, permettraient aux prix d’Internet de diminuer en Afrique Centrale et de l’Ouest. Les IXP sont des infrastructures physiques qui permettent aux opérateurs et fournisseurs d’accès Internet de mutualiser le trafic Internet local, et ainsi diminuer les coûts de transport des paquets d’information.
La comparaison entre la carte des points IXP en Europe et en Afrique est éloquente. Ces cartes sont régulièrement mises à jour par un site spécialisé des points IXP sur la planète.
En France, la région Île de France concentre à elle seule 5 ou 6 points. Le principal, qui s’appelle Equinix, appaire à lui seul 227 réseaux d’opérateurs et fournisseurs d’accès Internet.
Au Cameroun, il y a un seul point IXP après des années de négociations avec les opérateurs. Mais, si le point existe, aucun appairage pour l’instant n y est signalé. Cette observation pourrait être généralisé à d’autres pays d’Afrique Centrale et Occidentale.
Enfin, un dernier paramètre qui pourrait aider à faire baisser les coûts d’accès à internet réside dans la transparence sur le prix de location de la bande passante, facturé par les consortiums chargés d’administrer les câbles sous-marins, des infrastructures essentielles pour connecter les pays à la conversation globale.
L’émission 7 milliards de voisins de RFI sur le coût d’Internet en Afrique est disponible à l’écoute en cliquant ici.
Pour aller plus loin :
Taux de Pénétration d’Internet en Afrique : 28,6% de la population.
Etude de la Banque Mondiale sur le lien entre Croissance et Connectivité dans un pays : http://pubdocs.worldbank.org/en/391452529895999/WDR16-BP-Exploring-the-Relationship-between-Broadband-and-Economic-Growth-Minges.pdf
L’importance des Internet Exchange Points dans la réduction des coûts d’Internet : http://www.internetsociety.org/sites/default/files/ISOC-PolicyBrief-IXPs-20151030-fr.pdf
Introduction aux enjeux de la régulation des câbles sous-marins : https://internetwithoutborders.org/fr/bresil-cables-sous-marins-et-gouvernance-de-linternet/
Pour vérifier sa vitesse de connexion : fast.com
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