Au Gabon, le gouvernement menace de couper Internet
En 2016, une tendance dangereuse semble se propager dans la région d’Afrique centrale: lors d’événements politiques majeurs, l’accès à Internet est coupé ou fortement perturbé, et les réseaux sociaux bloqués. C’est ce qui est arrivé lors de l’élection présidentielle en République du Congo et au Tchad, prétendument pour empêcher la diffusion de fausses rumeurs, et protéger l’ordre public. En réalité, cette méthode est utilisée pour limiter l’expression en ligne de la dissidence, diminuer le flux d’informations en provenance de l’intérieur d’un pays, et empêcher les citoyens et la société civile d’organiser des manifestations sur les réseaux sociaux.
Internet Sans Frontières se félicite de cette déclaration, mais maintiendra un haut niveau de vigilance, en raison de l’environnement politique tendu, de la suspicion sur l’utilisation d’outils de surveillance de masse par le gouvernement du Gabon, et l’incertitude sur l’interprétation de l’ordre public par ce dernier. Cette notion d’ordre public a été utilisée récemment en République du Congo et au Tchad pour justifier des restrictions du réseau Internet.
Contexte tendu de l’élection présidentielle gabonaise
Le Gabon a connu une histoire politique récente tourmentée. Lorsque l’ancien président Omar Bongo est décédé en 2009, après un règne de 42 ans sur le pays, beaucoup espéraient que l’élection présidentielle organisée en Août de la même année apporterait une nouvelle figure politique à la tête du pays. Finalement, son fils Ali Bongo a été déclaré vainqueur, malgré les multiples irrégularités observées.
Au cours de son mandat de sept ans, la légitimité d’Ali Bongo comme président a été contestée par l’opposition ; récemment, son éligibilité était sujette à une polémique qui a rythmé la campagne présidentielle. C’est dans cette atmosphère tendue que doit avoir l’élection du 27 Août, faisant craindre au président Ali Bongo d’éventuels troubles dans le pays.
Un pays familier de la surveillance de masse?
Récemment, le Gabon a été souvent désigné comme un pays soupçonné d’utiliser des outils de surveillance de masse, afin de cibler les dissidents et les leaders de l’opposition. En 2013, le magazine Le Point révélait que la société française Amesys a vendu son système d’interception des communications Eagle au Gabon. Le même système a été utilisé dans la Libye de Kadhafi pour arrêter et torturer les dissidents politiques. Plus tard, en Octobre 2015, des analyses menées par le Citizen Lab pour identifier les utilisateurs de FinFisher, un logiciel espion vendu uniquement aux gouvernements, ont identifié le Gabon comme un client soupçonné. Selon l’organisation gabonaise de la société civile “Ca Suffit Comme Ça”, le gouvernement a récemment signé un contrat avec la firme italienne Hacking Team spécialisée dans le “Hacking pour l’interception gouvernementale”.
Internet Sans Frontières appelle le gouvernement gabonais à respecter ses engagements internationaux en matière de liberté d’expression et de communication, et à maintenir la connexion Internet durant et après l’élection.
[…] garantit qu’à l’avenir cela sera toujours le cas. Les exemples récents au Tchad et au Gabon, deux pays voisins du Cameroun, ont démontré que malgré leurs engagements de ne pas suspendre […]
Un commentaire
La réflexion du Cameroun sur le débat sur les « fausses nouvelles » suscite les craintes de la censure – Internet sans frontières
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