Cameroun : Internet rétabli, en échange de plus de surveillance ?
Le 20 avril 2016, le gouvernement du Cameroun a ordonné aux opérateurs de télécommunications de rétablir l’accès à Internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Ces deux régions, où vit la minorité anglophone du pays, sont le théâtre de manifestations depuis le mois de novembre 2016 contre la marginalisation ressentie par citoyens, et notamment exprimées par les avocats et le cops enseignant. Le 16 janvier 2017, le gouvernement interdisait deux mouvements citoyens, avant d’imposer une coupure Internet qui s’est achevée, après 94 jours de violation grave des droits de l’homme, et plus de 4 millions d’euros de pertes économiques, selon les dernières estimations d’Internet Sans Frontières et Access now.
Dans son communiqué saluant le retour de la connexion, Internet Sans Frontières exprime de vives craintes d’une nouvelle coupure Internet dans le futur, et plus globalement pour les libertés en ligne des citoyens camerounais, à l’approche de l’élection présidentielle de 2018.
Dans un entretien accordé à la radio internationale allemande Deutsche Welle, la Ministre des Postes et télécommunications du Cameroun, Mme Minette Libom Likeng, annonce que le gouvernement camerounais est équipé pour surveiller les activités des internautes dan le pays :
“Je ne dévoilerai pas les méthodes ici, mais je dirai déjà que le gouvernement est organisé parce qu’il y a toute une agence qui est équipée pour cela. En plus, toutes nos forces de l’ordre ont des plateformes de traque et de contrôle comme dans tous les pays.”
Internet Sans Frontières appelle le gouvernement camerounais à respecter ses engagements internationaux : le respect des droits et des libertés individuelles doivent toujours être le principe. Le terrorisme, l’atteinte à l’ordre public ne peuvent qu’exceptionnellement venir limiter ces libertés, à condition que la nécessité et la proportionnalité des mesures mises en œuvre soient démontrées, et qu’une autorité judiciaire intervienne pour autoriser la mise en œuvre de telles mesures.
Un rappel de quelques conseils prodigués par Internet Sans Frontières en novembre 2016 : Au cas où le gouvernement camerounais déciderait de censurer l’accès au réseaux sociaux, il existe des moyens de contourner ce type de censure.Voici notre conseil: les utilisateurs peuvent télécharger TOR, et son application mobile appelée ORBOT.Psiphon est également un outil de contournement intéressant. Enfin, pour tout aide relative à l’installation d’outils de protection de sa vie privée en ligne, nos amis d’Access Now disposent d’une ligne d’assistance en matière de sécurité numérique en plusieurs langues.