Tchad : La surveillance contre la haine sur Internet
Internet sans Frontières appelle les autorités tchadiennes à reconsidérer le renforcement du contrôle et de la surveillance des Réseaux sociaux, annoncé par le Gouvernement tchadien dans un communiqué publié en août 2019. Le gouvernement précise que cette mesure vise à lutter contre, la cybercriminalité, le cyberharcèlement, et la “mauvaise utilisation des réseaux sociaux” en général.
L’annonce intervient alors que le gouvernement tchadien vient de rétablir l’accès au réseaux sociaux, et aux applications de messagerie, dont les citoyens avaient été privés pendant près de 16 mois. Le Président Idriss Déby Itno avait alors expliqué que la censure était intervenue pour empêcher le mauvais usage des plateformes Internet, notamment pour commettre des attentats terroristes, ou diffuser la haine.
La lutte contre les contenus dangereux sur les réseaux sociaux est légitime et importante, notamment en Afrique où leur diffusion peut avoir des conséquences graves sur la sécurité nationale. Cependant, Internet Sans Frontières met en garde le gouvernement tchadien contre les risques de bridage de l’espace numérique, sous prétexte de lutter contre les contenus dangereux en ligne. Par ailleurs, nous invitons les autorités tchadiennes à montrer l’exemple en matière de lutte contre la haine sur Internet : selon un enregistrement diffusé sur Internet, le président tchadien Idris Déby Itno, aurait autorisé les forces de l’ordre à ouvrir le feu sur les populations, pour régler les conflits intercommunautaires qui ravagent l’Est du pays.
“La lutte contre les discours haineux et la désinformation nécessite une approche inclusive, et une collaboration entre les autorités, la société civile, et les entreprises, notamment les fournisseurs d’accès à Internet. L’approche uniquement sécuritaire peut-être source d’abus et de violation des droits numériques“, a déclaré Abdelkerim Koundougoumi, Directeur Afrique Centrale d’Internet Sans Frontières.
Internet Sans frontières se tient à la disposition des autorités tchadiennes pour présenter différentes méthodes de lutte contre les contenus dangereux sur Internet, qui ne violent pas les droits et les libertés fondamentales, et notamment le droit à la vie privée et la liberté d’expression.